La nicotine aide-t-elle à combattre le COVID-19 ? La science derrière une nouvelle hypothèse
Des chercheurs en France ont émis l'hypothèse que la présence de nicotine équipe effectivement le corps pour lutter contre le COVID-19.

Fumer tue. Il en va de même pour COVID-19, et si un fumeur contracte la maladie, la sagesse conventionnelle devrait suggérer qu'il ou elle fait face à un risque plus élevé de maladie grave ou de décès.
Maintenant, les chercheurs en France ont renversé cette sagesse conventionnelle. Ils ont avancé une hypothèse selon laquelle la présence de nicotine équipe effectivement le corps pour lutter contre le COVID-19. Et ils mènent des essais pour tester l'hypothèse.
Quelle est la base de l'hypothèse?
Il a été postulé par des chercheurs d'un certain nombre d'institutions françaises de premier plan - les instituts de recherche gouvernementaux CNRS et Inserm, le réseau hospitalier Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Sorbonne Université, Collège de France et l'Institut Pasteur. Ils ont décrit l'hypothèse dans un article rédigé pour la revue Comptes Rendus de Biologie de l'Académie des sciences, et publié une version sur un serveur de pré-impression.
L'hypothèse des chercheurs repose sur la combinaison de deux approches scientifiques différentes mais complémentaires, a indiqué l'Institut Pasteur dans un communiqué. L'une de ces deux approches repose sur une analyse statistique des décès dus au COVID-19 dans un hôpital français, et l'autre sur la biochimie du corps humain.
Qu'est-ce que l'approche statistique?
Il s'appuie sur une observation de la proportion de fumeurs parmi les patients décédés du COVID-19. Il s'agissait de patients du CHU de la Pitié Salpétrière, Paris. Chez les patients hospitalisés en milieu hospitalier vs ambulatoires moins sévères, un taux de tabagisme de 4,4% vs 5,3% a été retrouvé, tous deux très faibles contre 25,4% dans la population générale. Cette découverte a été confirmée par une étude indépendante, a déclaré le neuroscientifique Jean-Pierre Changeux de l'Institut Pasteur dans une interview publiée par l'initiative de recherche européenne Human Brain Project.
L'étude statistique a été menée par le Pr Zahir Amoura du même hôpital, en collaboration avec Changeux. Les deux sont parmi les auteurs de l'étude qui décrit l'hypothèse de la nicotine. Changeux est également un pionnier dans l'étude d'une structure chimique clé de l'organisme, qui constitue la base de la deuxième partie de l'hypothèse.
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Quelle est cette structure chimique ?
C'est une sorte de récepteur. Dans la conversation autour de COVID-19, nous avons beaucoup entendu parler des récepteurs. Ce sont des structures composées de protéines, et elles reçoivent des signaux qui peuvent être intégrés dans le corps. Ces signaux peuvent provenir de diverses substances, telles qu'une hormone, un médicament ou un antigène. Par exemple, la surface de la cellule humaine contient des récepteurs appelés ACE2, qui ouvrent la porte au nouveau coronavirus SARS-CoV2 pour entrer dans le corps.
Au centre de l'hypothèse de la nicotine se trouve un récepteur qui répond à la nicotine ainsi qu'un produit chimique appelé acétylcholine. D'où son nom : récepteur nicotinique de l'acétylcholine, abrégé en nAChR. On le trouve dans certaines parties du système nerveux, des muscles et de certains tissus d'organismes, y compris les humains. Changeux a étudié ce récepteur pendant des décennies, avec un article datant de 1965.
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Comment ce récepteur s'intègre-t-il dans l'hypothèse de la nicotine ?
Étant donné que la nicotine est connue pour se lier au récepteur nAChR, la deuxième partie de l'hypothèse est la suivante : si la nicotine est présente sur le récepteur et que le nouveau coronavirus arrive, la nicotine bloquerait l'interaction.
Dans les connaissances scientifiques existantes, il existe un pointeur possible. Le virus de la rage est connu pour se lier au même récepteur, et cette interaction est entraînée par une séquence de matériel génétique qui existe dans l'enveloppe autour du virus de la rage. Étonnamment, il existe une séquence assez similaire dans l'enveloppe du SRAS-CoV2. Son rôle fait actuellement l'objet d'une enquête, a déclaré Changeux dans l'interview.
Et comment les chercheurs testeront-ils leur hypothèse ?
Des études cliniques sont en cours, a indiqué l'Institut Pasteur. Un rapport de Reuters a décrit la nature du procès. Il impliquera des groupes de travailleurs de la santé et de patients portant des patchs à la nicotine, et d'autres groupes portant des patchs placebo. Il y aura 1 500 professionnels de la santé dans l'essai, qui cherchera à évaluer si ceux qui portent les patchs à la nicotine sont plus résistants au COVID-19 que ceux qui portent les patchs placebo.
Comment cette hypothèse s'oppose-t-elle aux vues conventionnelles sur le tabagisme ?
L'opinion largement acceptée est que les poumons des fumeurs sont déjà compromis à des degrés divers, ils sont donc susceptibles d'être plus vulnérables à une maladie qui attaque le système respiratoire. Certains chercheurs ont suggéré, en fait, que le taux de mortalité plus faible chez les femmes patientes de COVID-19 est une conséquence du fait que les hommes ont tendance à fumer davantage.
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Encore une fois, l'hypothèse de la nicotine implique le récepteur nAChR, alors que les principales interactions du SARS-CoV2 se font avec un récepteur différent : l'ACE2. Une étude du mois dernier, en fait, a examiné l'expression de l'ACE2 chez les fumeurs et les non-fumeurs. Les personnes qui ont fumé ont montré une augmentation de 25% de l'expression de l'ACE2 par rapport aux non-fumeurs, ont rapporté des chercheurs dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine. Ils ont suggéré que le tabagisme augmente les points d'entrée du nouveau coronavirus.
ce site a envoyé un courrier à Changeux demandant, parmi diverses questions, dans quelle mesure la cohorte de patients COVID-19 dans l'analyse statistique des décès était représentative de la population générale. Il n'avait pas encore répondu au moment du dépôt.
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